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Les points de vente de drogues virtuels ont tourné à plein régime pendant l’été

« Cherche équipe de guetteurs déter [déterminés] pour four carré et sécurisé au max, bien payé. Que des jeunes sérieux svp, merci ! Sur Arles, logement, manger, fumette à disposition. Me contacter. » En parcourant les messages de « TP emplois France », un canal Telegram qui compte 10 000 abonnés, on pourrait presque se croire à la rubrique « emploi » du site Leboncoin. Mais les annonces ne concernent ici qu’une chose : l’économie parallèle des stupéfiants et ses dizaines de professions.
Signe d’une économie qui se normalise, alors que la France sort d’un été particulièrement meurtrier lié au narcotrafic, ces annonces sont aussi les témoins d’un recours croissant à Telegram comme plate-forme centrale, employeurs et employés y publient des messages pour offrir du travail ou leurs services dans toute la France. Pour tous les petits métiers du « stup » : livreur à domicile (certains recrutent spécifiquement des femmes, moins contrôlées par la police) ; pilote de voiture pour des « go fast » (transport de grosses quantités de drogue, le plus souvent de l’Espagne vers la France) ; « tartineur » chargé de vendre au détail dans un « four » (point de vente) ; « détailleur » chargé de préparer les doses individuelles… Les employeurs donnent horaires et salaires, généralement de 120 à 350 euros par jour en fonction des missions et des risques.
Certains candidats vantent leurs atouts : « Jsuis mineur, tout en règle, jamais fait contrôler de ma vie », assure l’un d’eux. D’autres se proposent pour d’autres activités, souvent illégales, comme « cambu (cambriolage) /braquage/séquestration ». Sur un autre canal un peu moins fréquenté, plusieurs graphistes vendent leurs services pour décliner une « identité graphique » afin de mieux « atteindre le public grâce à un design innovant », explique l’un d’eux. Pour preuve de leurs talents, ils fournissent des exemples de travaux, réalisés pour « Marrakush 69 », « Ubercoco Night », un service de livraison de cocaïne « en 30 minutes chrono », ou encore « coffee Namek » (nom d’une planète du manga Dragon Ball).
Autant de « marques » correspondant à des canaux Telegram de vente de drogue. Car le réseau de messagerie est aussi devenu le rendez-vous des « fours » virtuels, qui se comptent par dizaines sur tout le territoire. Certains viennent en appui d’un point de vente physique, d’autres fonctionnent uniquement par Telegram, assurant une livraison en main propre ou par voie postale. Et là encore, la tonalité des annonces où sont détaillées les qualités et effets des produits, le packaging des doses de cannabis, livrées dans des pochettes scellées avec des logos aux couleurs vives, font s’interroger sur le caractère illégal de ce qui est vendu.
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